S.O.S détresse amitié bonjour?


Je te vomis ma joie au visage

Je te vomis ma joie au visage

En langage sms/msn le post donne ça: Déprime → Ego trip @_@. Si tu préfères les mots et les phrases complètes, lis ce qui suit.

Il est des jours où tu te sens comme une merde.  Si tu es saint d’esprit, assez mature pour apprécier les crasses joies de l’existence, absolument affranchi de toute dépendance au crack, libre du joug de toutes croyances aveugles et désuètes, et ne te retrouves pas dans la phrase descriptive précédente, tu n’as pas du quitter Neverland. Le pieds. Je te prie alors de faire des bises à cette coquine de Wendy et te file 10 pièces d’or si tu me chopes un autographe de Michael Jackson.

Sinon, toi misérable qui me lis et me comprends, je te prends à témoin parce qu’aujourd’hui, je tape mon quart d’heure misanthrope. Pourquoi? Pire qu’une journée de merde, une succession de journées de merde mon ami. Aussi longue, douloureuse et potentiellement destructrice que trois semaines de vacances en famille. Les spécialistes s’accordent à donner à cette suite le nom de dépression. Et je sais ce que tu ressens. Ce qui te déprime le plus, c’est la posture de ton entourage vis-à-vis de cet épisode intime. À priori, personne ne devrait comprendre ce que tu traverses mais tous semblent saisir tes tourments et posséder le remède à ton mal. L’attention est grande et la sollicitude volontaire. Les encouragements honnêtes fusent de toute part. Les conseils sont prodigués avec générosité et gaucherie. Tu regardes le monde entier entrevoir en toi avec une insolente clarté quand tu te sens totalement perdu. On te pointe du doigt ce qui cloche et ce que tu devrais entreprendre comme changement. On te dicterait presque tes intuitions et tes aspirations. La belle affaire. En réalité, ce flot de prévenance et de soin est un bon coup de pute au camouflage redoutable; passé le réconfort premier qu’il parait apporter, il te submerge de doutes et te noie dans un dédale de sophismes.

Ce qui te déprime avec la déprime, c’est que tu vas penser que tous ces doigts bienveillants qui se la jouent fil d’Ariane ne connaissent pas le chemin de la sortie malgré un discours touchant et partial. Tu finis même par te demander si on te connait vraiment. Car quand tu déprimes, tu as peu d’estime pour ta personne. Et voilà que tes proches t’affabulent d’épithètes aussi glorieuses qu’intelligent, talentueux et brillant. Ils n’ont aucun doute sur le caractère passager de ce malheureux accident. Mais jamais une musique flatteuse n’a tant sonné faux à ton oreille. Elle est d’autant plus pénible que tu l’entends s’unir et résonner avec cette petite voix intérieure, ténue et irrésistible qui te murmure une autre mélodie, qui chante ta vilenie et crache sur ton imposture. Intransigeante, elle te trouve creux et sec. Et comment penser autrement quand tu manques cruellement de cœur?

Sans vouloir réduire la valeur de la sympathie qu’on te manifeste, tu crois que la réflexion personnelle est indispensable avant de rencontrer l’avis des autres. 

Nous ne sommes pas fait de la même farine tu diras. Chacun vit sa détresse différemment. Certains ont ce besoin frénétique d’être rassurés et épaulés par un ami. D’autres croient que les réponses à leurs questions nécessitent un effort solitaire. Tous se doivent d’être sincères dans leur recherche personnelle.