Pan Pan Pan : Mobilisation bônoise dans tes dents!


7na cha3b n7abou nechkiou.

Une petite mise au point s’impose. Trop souvent, nous nous sommes auto-flagellés en faisant le constat déplorable de notre impuissance devant notre désespoir accablant, devant ce dégoutage collectif qui caractérise, avec justesse, l’atmosphère du blog. Il serait plus judicieux d’élargir la base de notre lectorat en abordant des sujets consensuels, gais et divertissants. D’adopter une raison d’être utilitaire et de se ranger dans une catégorie aux bornes bien définies. De céder au charme et à la légèreté des choses futiles, à l’insouciance des sujets frivoles. J’essaye depuis un bail de persuader Elaswed de taper dans le jeux vidéo sans succès. Oui bien entendu, notre approche du monde actuel, de ses évènements absurdes, de ce projet de blog n’est surement pas dénuée d’ironie, procédé auquel nous faisons appel en dernier recours, sans lequel nous aurions sombré dans la démence. Pourtant, je n’aime pas cet état dépressif. Lire deux inconnus péteux, comme nous, verser constamment dans la mélancolie pitoyable ne me fait pas triper. Cette condition de blasés de la vie est notre croix que nous portons. Cette condition, nous ne l’avons pas choisie, nous la subissons tous, sans exception. Et tu sais quoi? Ça me rassure qu’on n’arrête pas de geindre. Ça prouve que maranach meytin au fond, que nous n’avons pas été vaincus par l’usure.

7na cha3b n7abou nechkiou. 

Tous. Et Dieu merci rana kima hakda. Que ce soit feddar, dans la rue, fel kahwa de ton quartier, ness kamel techki. Ceux qui disent qu’on râle comme des rageurs et sans raison doivent vivre fi Dzair wa7doukhra. Ça ne doit pas leurs tourner bien rond dans le melon. Je pense à Elaswed qui se fait vilipender par une commentatrice qui vit en France sur un de ses premiers posts, où il partageait un coup de gueule assez drôle sur le billet de 2000 Da, mais en restant à des années lumières de l’indignation grave et résolue. Et à cette nana totalement inconnue de l’engrainer par ce qu’il ne fait que se plaindre sans rien entreprendre dans sa life. Elle ne le connait pas, ne vit pas en Algérie, mais se permet de juger sans aucune justification, les propos narquois de mon pote. Je ris doucement.

Pour ma part, je me félicite qu’il existe des hargneuses et des hargneux à Annaba, qui est plus que jamais ces dernières semaines, célèbre pour l’insécurité qui y règne. En3am, je me félicite que des initiatives d’une société civile embryonnaire commencent à voir le jour comme Annaba Mouvement Citoyen Pour la Sécurité et Ness El Khir Annaba. Le AMCPS a par ailleurs créé un site web pour lancer une pétition électronique et a tenu, avant hier, son premier évènement pacifique, où de simples citoyens se sont réunis en paix, en face du siège de la Wilaya pour protester en silence contre la violence wel khouf li rana 3aychin fih. 

7na cha3b n7abou nechkiou. 

Loin de toute paranoïa superflue, je crois qu’il est toujours délicat de porter un jugement sur des mouvements que l’on ne connait pas. C’est pourquoi je n’ai pas signé la pétition. Quoi qu’il en soit, ce qui me plait dans ces résolutions, c’est l’effervescence que connait ma ville. Ma ville qui prend conscience, jour après jour, de sa force tranquille et de son potentiel de bouleverser le court des choses. Mais aussi de l’intention de jouir pleinement du pouvoir qu’une population administrée possède sur son « élite ». Notre devise nationale n’est-elle pas         بالشّعب و للشّعب ?

♫♪…Happy birthday to you…♪♫♪


3id milad sa3id Dzair el 7ourra!

Je sais que techniquement tu fêtais ton annif le 5 juillet, mais sois indulgente okay, j’étais pas mal occupé. Pour être totalement sincère, j’ai quitté la solitude de ma cave il y a quelques semaines. J’étais un peu triste, j’ai donc décidé de dormir un mois ou deux. J’aime bien dormir parce que ça m’apaise. Depuis ma sortie, la lumière du soleil et de mon laptop me piquent les yeux sévère.

Parlons plutôt 9ra3!

Est ce que tu as eu droit à une surprise party, toussa toussa? J’essaye de mater tes photos sur facebook, mais mes contacts sont un peu avares niveau divulgation de renseignements et de documents personnels. Ils n’ont rien compris à facebook hadouk la7mir, ani ngoulek. Tu sais qu’il m’est difficile de jauger l’euphorie de cet événement quand tout un océan nous sépare. Naturellement, on t’a drapée d’apparat afin d’éblouir le monde en ce jubilé exceptionnel, où le faste rivalisait avec l’ostentation et la commémoration côtoyait l’espoir de lendemains prospères. J’espère qu’on y est allé mollo sur le maquillage. Je ne voudrais pas que tu ressembles à une cagole/couguar aoûtienne qui racole sa clientèle sur les plages de la côte. Ce serait dommage. Hélas, tes pères fondateurs, vilains et bourgeois, ont déjà fait preuve de mauvais goût. Je ne leur fais pas confiance. Mais au diable les apparences n’est ce pas. L’important, c’est le cœur et la fête.

Puisqu’il me reste un peu cœur, Dzair, avant que tu ne souffles les bougies de ton mille-feuille, je voulais te proposer une idée de vœu. Tu peux m’envoyer chier et demander 2 millions de barils de pétrole supplémentaires par jour, mais je ne pense  pas que ça aide ton embonpoint. Dzair, je t’offre d’inviter tes mioches à lire. Lire et apprendre ton histoire. Entre nous, tu le sais bien, on te connait si peu. Tes premiers 50 ans sont aussi sombres et confus qu’un épisode de Lost. D’ailleurs tes 7 ans de gestation l’étaient tout autant.  Il serait temps de te dévoiler, sans fioritures, sans mensonges. Je souhaite qu’on sache qui tu es, ainsi nous saurons qui nous sommes. Nous voudrions bien lever les yeux sur l’étendue infinie de l’horizon qui se dessine devant nous, avancer avec toi d’un pas serein et confiant, mais franchement, c’est galère sans journal de bord, sans carte, ni boussole. J’invoque ta raison et te préviens que si tu succombes aux sirènes du pétrole, tu finiras obèse, cardiaque et diabétique. Je ne parierai pas trois kopecks sur la possibilité que t’atteignes les 70 ans en tant que première république.   

S.O.S détresse amitié bonjour?


Je te vomis ma joie au visage

Je te vomis ma joie au visage

En langage sms/msn le post donne ça: Déprime → Ego trip @_@. Si tu préfères les mots et les phrases complètes, lis ce qui suit.

Il est des jours où tu te sens comme une merde.  Si tu es saint d’esprit, assez mature pour apprécier les crasses joies de l’existence, absolument affranchi de toute dépendance au crack, libre du joug de toutes croyances aveugles et désuètes, et ne te retrouves pas dans la phrase descriptive précédente, tu n’as pas du quitter Neverland. Le pieds. Je te prie alors de faire des bises à cette coquine de Wendy et te file 10 pièces d’or si tu me chopes un autographe de Michael Jackson.

Sinon, toi misérable qui me lis et me comprends, je te prends à témoin parce qu’aujourd’hui, je tape mon quart d’heure misanthrope. Pourquoi? Pire qu’une journée de merde, une succession de journées de merde mon ami. Aussi longue, douloureuse et potentiellement destructrice que trois semaines de vacances en famille. Les spécialistes s’accordent à donner à cette suite le nom de dépression. Et je sais ce que tu ressens. Ce qui te déprime le plus, c’est la posture de ton entourage vis-à-vis de cet épisode intime. À priori, personne ne devrait comprendre ce que tu traverses mais tous semblent saisir tes tourments et posséder le remède à ton mal. L’attention est grande et la sollicitude volontaire. Les encouragements honnêtes fusent de toute part. Les conseils sont prodigués avec générosité et gaucherie. Tu regardes le monde entier entrevoir en toi avec une insolente clarté quand tu te sens totalement perdu. On te pointe du doigt ce qui cloche et ce que tu devrais entreprendre comme changement. On te dicterait presque tes intuitions et tes aspirations. La belle affaire. En réalité, ce flot de prévenance et de soin est un bon coup de pute au camouflage redoutable; passé le réconfort premier qu’il parait apporter, il te submerge de doutes et te noie dans un dédale de sophismes.

Ce qui te déprime avec la déprime, c’est que tu vas penser que tous ces doigts bienveillants qui se la jouent fil d’Ariane ne connaissent pas le chemin de la sortie malgré un discours touchant et partial. Tu finis même par te demander si on te connait vraiment. Car quand tu déprimes, tu as peu d’estime pour ta personne. Et voilà que tes proches t’affabulent d’épithètes aussi glorieuses qu’intelligent, talentueux et brillant. Ils n’ont aucun doute sur le caractère passager de ce malheureux accident. Mais jamais une musique flatteuse n’a tant sonné faux à ton oreille. Elle est d’autant plus pénible que tu l’entends s’unir et résonner avec cette petite voix intérieure, ténue et irrésistible qui te murmure une autre mélodie, qui chante ta vilenie et crache sur ton imposture. Intransigeante, elle te trouve creux et sec. Et comment penser autrement quand tu manques cruellement de cœur?

Sans vouloir réduire la valeur de la sympathie qu’on te manifeste, tu crois que la réflexion personnelle est indispensable avant de rencontrer l’avis des autres. 

Nous ne sommes pas fait de la même farine tu diras. Chacun vit sa détresse différemment. Certains ont ce besoin frénétique d’être rassurés et épaulés par un ami. D’autres croient que les réponses à leurs questions nécessitent un effort solitaire. Tous se doivent d’être sincères dans leur recherche personnelle.

Nadir L’eghrib tchi coni?


Wech ya shaibi, ta7sab kayen ghir el hip hop fi Annaba El7alaba. Et bin non. La description de Bône que délivre Wikipédia met bien sous les spotlights notre qualité de capitale incontestée du rap algérien. Mais Annaba, khouya la3zize, sait caresser tes oreilles et t’enivrer autrement.

Connais-tu Nadir L’eghrib? Personnellement, je ne connaissais pas el fannan, mais je serais peu étonné d’apprendre que c’est un pote de potes. Ce chantre du «chaâbi-grunge», comme aime à se définir l’artiste sur sa page facebook et qui possède déjà un CV impressionnant avec les premières parties de Cheikh Sidi Bémol et de Keziah Jones, fait un concert demain 29 mars 2012 à 16.30 au Pax Annaba. J’en appelle donc à tous les blasés qui soutiennent à raison que makan walou fi Annaba, rou7 tethawel demain au Pax. 

Nadir, qui a commencé à faire du son en reprenant Nirvana n’a gardé que peu de caractéristiques grunge dans ses compositions. Le son vaseux et distordu des guitares électriques a laissé place à la gratte sèche. Les mélodies brouillées délaissées au profit d’une harmonie gnawa structurée et rythmée qui assure l’état de transe. L’ambiance crue, pénétrante et punk, s’évanouit au gré d’une composante chaâbi-gnawa qui te transporte dans un voyage initiatique et mystique à la découverte de ton sahara ancestral et des origines africaines de ton identité plurielle. Les textes, la dégaine et l’attitude sont a contrario incontestablement grunge. Il suffit d’écouter les paroles de « Safina » pour palper, comme une tumeur que l’on sait présente mais invisible, l’angoisse dans laquelle il se débat. Dans laquelle tout jeune kifek et kifou s’enlise. L’apathie est persistante et le sentiment dépressif suffocant. La peur d’un futur blafard étouffante et le désir de liberté pousse les plus téméraires à prendre le large sur une chaloupe de la mort.

«Allah 3lia ya lemima nehjer wensebel fi mkani
Nerkeb wenrou7 fi safina…  
wella datni leb7our yema laa tebki hadak mektoub el3ali…
Il y en a marre, il y en a marre,
makhrejna men el hendi machefna nouar»
Si le grunge de Seattle s’est bien éteint avec le déclin de Pearl Jam et le suicide de Kurt Cobain, son esprit est bien vivant fi Annaba et Dzair. Ses thèmes épousent parfaitement notre incompréhension du monde qui nous entoure, notre condition de naufragés, notre sentiment de perdition. Ma3abalnache win rana. Ma3abalnache win ray7ine. Mafhamna walou.
Comme d’hab, après elhadra, rien de tel qu’un sample pour cerner l’univers d’un artiste. Tiens c’est cadeau.