Nadir L’eghrib tchi coni?


Wech ya shaibi, ta7sab kayen ghir el hip hop fi Annaba El7alaba. Et bin non. La description de Bône que délivre Wikipédia met bien sous les spotlights notre qualité de capitale incontestée du rap algérien. Mais Annaba, khouya la3zize, sait caresser tes oreilles et t’enivrer autrement.

Connais-tu Nadir L’eghrib? Personnellement, je ne connaissais pas el fannan, mais je serais peu étonné d’apprendre que c’est un pote de potes. Ce chantre du «chaâbi-grunge», comme aime à se définir l’artiste sur sa page facebook et qui possède déjà un CV impressionnant avec les premières parties de Cheikh Sidi Bémol et de Keziah Jones, fait un concert demain 29 mars 2012 à 16.30 au Pax Annaba. J’en appelle donc à tous les blasés qui soutiennent à raison que makan walou fi Annaba, rou7 tethawel demain au Pax. 

Nadir, qui a commencé à faire du son en reprenant Nirvana n’a gardé que peu de caractéristiques grunge dans ses compositions. Le son vaseux et distordu des guitares électriques a laissé place à la gratte sèche. Les mélodies brouillées délaissées au profit d’une harmonie gnawa structurée et rythmée qui assure l’état de transe. L’ambiance crue, pénétrante et punk, s’évanouit au gré d’une composante chaâbi-gnawa qui te transporte dans un voyage initiatique et mystique à la découverte de ton sahara ancestral et des origines africaines de ton identité plurielle. Les textes, la dégaine et l’attitude sont a contrario incontestablement grunge. Il suffit d’écouter les paroles de « Safina » pour palper, comme une tumeur que l’on sait présente mais invisible, l’angoisse dans laquelle il se débat. Dans laquelle tout jeune kifek et kifou s’enlise. L’apathie est persistante et le sentiment dépressif suffocant. La peur d’un futur blafard étouffante et le désir de liberté pousse les plus téméraires à prendre le large sur une chaloupe de la mort.

«Allah 3lia ya lemima nehjer wensebel fi mkani
Nerkeb wenrou7 fi safina…  
wella datni leb7our yema laa tebki hadak mektoub el3ali…
Il y en a marre, il y en a marre,
makhrejna men el hendi machefna nouar»
Si le grunge de Seattle s’est bien éteint avec le déclin de Pearl Jam et le suicide de Kurt Cobain, son esprit est bien vivant fi Annaba et Dzair. Ses thèmes épousent parfaitement notre incompréhension du monde qui nous entoure, notre condition de naufragés, notre sentiment de perdition. Ma3abalnache win rana. Ma3abalnache win ray7ine. Mafhamna walou.
Comme d’hab, après elhadra, rien de tel qu’un sample pour cerner l’univers d’un artiste. Tiens c’est cadeau.