Freud, Counter Strike, et moi


mains en l'air connard, pose ce cigar piégé

Ma vie étant presque aussi palpitante que celle d’une mémé de 80 ans, euh non y’a quelque chose qui cloche dans mon exemple. les vieux en Algérie ont des pensions d’anciens combattants, des pensions de blessés de guerre, des pensions en euro pour les harkis et les blessés de guerre, ont des terres, des magasins, des j’en passe et des meilleures. Ils ont aussi le droit de dire des gros mots, d’être toujours en colère, de frapper les gosses, de pas faire la queue, de dire du mal des autres, et enfin de dire que « eux à leur époque ils savaient bien traiter leurs ainés » Et on leur passe tout Au nom du sacro-saint respect des « ainés » haineux! On leur passe tout à eux, qui ne font que nous rappeler à quel point notre vie est insignifiante et à quel point c’était mieux avant… même qu’on trouve ça amusant voire attendrissant de regarder un vieux traiter un pti jeune qui ne lui a absolument rien fait de sac à merde et d’autres noms d’oiseaux plus exotiques les uns que les autres (« aw lesla7ou », « ma tesma3ch elli yda7kek esma3 elli ybekkik* » les Algériens en particulier et les Maghrébins en général ne connaissent que trop bien ces proverbes, pour les autres, les chanceux, rendez-vous en fin d’article pour une petite traduction…) bref tout ça pour dire que mon exemple était à chier, tout comme ma vie.

Essayant de remédier à cette situation quelque peu dérangeante je cherchai pendant longtemps le moyen de passer le temps et d’évacuer un trop plein de stress et d’envies de meurtres, quand la solution vint à moi d’elle-même sans aucun effort de ma part (ah si seulement un petit milliard se retrouvait en ma possession grâce au même procédé qu’est-ce que ça serait bien!). Un voisin qui tient un taxiphone a décidé d’ouvrir un « ptite cyber » (authentique) dans son arrière-boutique le tout au noir bien entendu afin de gagner quelques sous (il veut se marier qu’il dit) et afin de diversifier son activité. Alors qui dit ptite cyber dit jeux vidéo et qui dit jeux vidéo en réseau dit Counter-Strike, tous les ingrédients étaient réunis pour me sortir du marasme gluant dans lequel je me trouvais…

Counter strike

Pour faire simple, Counter strike est un jeu dans lequel on choisit d’incarner un terroriste ou un anti-terroriste, et dans lequel deux équipes s’affrontent. Les missions sont simples : trouver et désamorcer la bombe, ou trouver et libérer les otages. L’équipe adverse aura bien évidemment pour but de vous en empêcher. Outre sa dimension tactique et les qualités autant physiques que mentales que ce jeu requiert c’est un tout autre aspect du jeu qui m’a fortement attiré : la possibilité de zigouiller tout ce qui bouge. Et putain c’est jouissif!!!

Bien évidemment je ne saurai trop vous conseiller ce jeu magnifique qui est devenu un sport électronique pratiqué partout dans le monde et qui est au cœur des championnats électroniques  les plus prestigieux. Mais pour être honnête, c’est sous un autre angle que je viens traiter le sujet du Counter Strike.

Profils Psychologiques:

Je n’ai pu m’empêcher d’observer mes alliés et adversaires lors des parties et je dois dire que ce fut proprement enrichissant, à tel point que j’ai inventé un adage : « Dis-moi comment tu joues et je te dirai qui tu es » comment ça un vulgaire plagiat même pas drôle???

Chez les joueurs de Counter-Strike ,comme dans la vie en société on peut dresser plusieurs profils psychologiques que je vais vous présenter ci-dessous, si Freud était encore des nôtres il aurait eu fort à faire, c’est parti:

1-      Le c’est pas moi c’est… : ce joueur n’a jamais tort et il gagne toujours, s’il perd c’est la faute à … Remplacez les 3 points par ce que vous voulez: la souris, le clavier, les deux, l’écran qui clignote, le bruit, les mouches, les gens, ses adversaires qui sont tous sur lui (c’est un peu le but), ses alliés qui le ne couvrent pas, le téléphone qui sonnait, Facebook (si si véridique), les équipes qui ne sont pas équilibrées, la chaise, la faim, la fatigue etc… et vous pouvez me croire la liste est aussi longue d’absurde.

2-      Le couard flippé : ce dernier démarre en dernier et ferme la marche, change de route quand il entend une fusillade et aime bien rester accroupi dans des coins sombres et peu fréquentés en attendant que ça se tasse, on aura beau leur dire qu’ils meurent pas pour de vrai, rien à faire… aberrant.

3-      Le couard flippé en quête de gloire : même profil que pour le N°2 mais il se pointe toujours à la fin pour buter le dernier adversaire à qui il ne reste plus que quelques points de vie, c’est en général celui qui fait le plus de bruit quand il remporte une manche et qui gueule le plus sur ses coéquipiers si malgré tout il perd la manche.

4-      Le Cow-Boy: aucune stratégie, il voit un ennemi, il lui fonce dessus. C’est lui ou moi, ce genre de joueur répugne à utiliser une tactique et fonce dans le tas sans se poser trop de questions. Le Cow-Boy n’aime pas trop chercher l’ennemi, s’il ne le trouve pas dans les dix secondes, il lui indique sa propre position afin de régler ça Mano a Mano dans les plus brefs délais.

5-      Le rusé: comme son nom l’indique ce dernier sait se positionner et utiliser les autres pour se protéger, en général, le rusé cherche à avoir un score individuel élevé et se contrefout de savoir si son équipe gagne ou perd.

6-      Le Magnum : cette catégorie a pris le nom d’une des armes du jeu à savoir le fusil à lunettes « Magnum ». Cette arme permet de tirer de très très loin et  est tellement puissante qu’une seule balle suffit. Il faut savoir que ceux qui cherchent à avoir un gros score et à se retrouver en tête du classement mais qui sont trop nuls pour utiliser des armes plus conventionnelles adorent le Magnum.

7-      Le parasite : le parasite n’y va pas par quatre chemins, il va systématiquement dans l’équipe la plus forte et une fois en place devient un N°3.

8-      Le flatteur: variété du parasite, ce dernier repère le joueur le plus puissant et lui fait la lèche pour aller dans son équipe et se transforme soit en N°2 ou en N°3.

9-      Le sociopathe : adore attaquer ses coéquipiers, les déranger, gêner leur jeu et même les tuer… je comprends pas non plus mais il parait que c’est drôle.

10-   Le mégalo blessé dans son ego: c’est la catégorie à envoyer en HP, le mégalo blessé est un excellent joueur qui aime gagner et qui ne se satisfait pas d’un maigre écart du score, le mégalo veut ECRASER son adversaire, et pour cela il n’hésite pas à tricher.

Je crois avoir fait le tour, bien évidemment les dix catégories s’accusent mutuellement de tricher, des fois à raison, très souvent à tort.

Game Over

A la fin de la partie les gagnants se foutent de la gueule des perdants, et la aussi on peut continuer à classer les gens en catégorie mais j’ai trop mal au dos et ça commence à me faire chier d’écrire donc je vais faire court: il y a ceux qui ont une joie excessive, à croire qu’ils ont obtenu un logement à l’AADL, d’autres se contentent d’un « bien joué ». Et quant aux perdants bin ils se foutent sur la gueule. Pour ma part je n’ai jamais perdu de vue l’essentiel du jeu: l’amusement. Je sais rester digne quand je gagne, mais également quand je perds: je me drape dans un silence digne et me retire promptement… Ouais en d’autres termes quand je perds, je boude comme un gamin de 5 ans voilà c’est dit.

Hélas les meilleures choses ont une fin et l’amusement fut de courte durée, passer ses nuits à zigouiller du terroriste a un cout financier important, sans compter le bruit, le paternel qui menace d’appeler les flics à cause du bruit, les joints qui circulent quand y’a pas de flics, les remakes de Troie à l’arme blanche quand y’a pas de flics, les camés qui passent clasher nous saluer quand y’a pas de flics, vous l’aurez compris il n’y a pas de flics là où j’habite. Ca n’empêche pas Counter-Strike d’être un jeu du tonnerre, vous devriez vous y mettre à temps perdu, vous me direz bien à quelle catégorie vous appartenez…

*Aw lesla7ou = c’est pour son bien : c’est ce que disent en général les gens en position de force quand ils veulent laisser libre cours à leur sadisme.

ma tesma3ch elli yda7kek esma3 elli ybekkik = n’écoute pas celui qui te fait rire mais celui qui te fait pleurer : rire c’est pas bien, ça prouve qu’on est heureux et il faut pas être heureux alors faites la gueule!